TINA – une brève histoire de la crise
inédit, 2011
67 pages
PERSONNAGES :
18 hommes
1 femme
la pièce peut être jouée à partir de trois interprètes, jusqu’à une distribution de groupe
Prix et sélections
traduite en grec par Efi Giannopoulou, 2014
mention spéciale du comité de lecture Influenscènes, 2013
« coup de cœur » du comité de lecture du Panta Théâtre, 2013
aide à la création d’Artcena, 2011
soutien à l’auteur de la SACD, 2011
accompagnée par le collectif À Mots Découverts, 2011
sélectionnée par le collectif À Mots Découverts, par le bureau des lectures de la Comédie Française, par les comités de lecture du théâtre de l’Éphémère (Le Mans), des TAPS (Strasbourg), du Panta Théâtre (Caen), de la Scène Nationale L’Apostrophe (Cergy-Pontoise) et du CDN d’Orléans
lue à la Comédie Française, au théâtre du Rond-point, au CDN d’Angers, au CDN d’Orléans, aux TAPS de Strasbourg dans le cadre des Actuelles XVI, au théâtre Gérard Philippe de Fontenay-sous-bois

Au centre du texte, il y a trois hommes ordinaires. Ils se présentent devant le public, face à la masse brute des faits… Prêts hypothécaires, subprimes, titrisation, produits dérivés, ABS, CDO, CDS, spéculation boursière, vente à découvert, sauvetage en catastrophe des banques, récession, chômage, rigueur, relance, «rilance»… Face à l’apparente complexité de l’Histoire, ils veulent raconter cette crise qui hier leur semblait obscure, mais dont ils pensent aujourd’hui avoir compris les enjeux principaux. Alors, ils vont rejouer toute cette histoire et incarner tour à tour banquiers, citoyens, courtiers, agents de notations, traders, agents immobiliers… et tenter la démonstration de cette farce macabre, de cette apocalypse joyeuse qu’est aussi la crise des subprimes.
Au départ, il y a « la crise ». Celle de 2008. Au départ, il y a la masse d’informations brutes, aux termes complètement obscurs… Il y a tous les commentateurs qui s’affolent, les banquiers qui paniquent, le retour de Marx à la une des journaux, les milliards qui circulent de banques en banques… Au départ, il y a une furieuse envie de faire théâtre de cela, de porter cette crise sur la scène, de la démonter, d’en montrer les mécanismes et les enjeux politiques.
T.I.N.A. – Une brève histoire de la crise est née de la rencontre avec Sébastien Valignat (mise en scène, dramaturgie et jeu), Guillaume Motte et Vincent Fouquet (jeu). Ensemble, nous avons cherché à démêler l’écheveau, du premier jour de laboratoire jusqu’à la création du texte.

mise en scène Sébastien Valignat

Les mardis midi du Rond-Point

TAPS – Strasbourg
extrait
Le banquier. – Je vous vois venir. Je vous connais. Vous vous dites : pourquoi prêter de l’argent à un type comme ça ? Pourquoi prendre le risque de prêter à des gens miteux, dont on est sûr qu’ils ne pourront jamais rembourser ? Qu’est-ce qui cloche, vous vous dites. Et vous avez la solution. Je sais bien, c’est déjà tout prêt dans chacune de vos têtes. Vous entendez banquier, vous rêvez potence, c’est immédiat. Je sais bien, je connais : nez crochu, griffes acérées, cravate, attachés-cases, c’est pareil. On s’habituerait presque. Mais qu’est que vous croyez ? Bien sûr que je ne suis pas charitable. Mon métier, c’est de faire de l’argent. Je fais mon argent sur les crédits et sur les dépôts, d’accord ? Pour les dépôts, avec les cours de la bourse qui montaient sans arrêt, les entreprises ont préféré investir directement sur les marchés. C’est plus rentable. Et le crédit, zéro ! Marché saturé. Tous ceux qui étaient capables d’emprunter étaient déjà endettés au maximum. On était dans l’impasse. Il fallait absolument trouver de nouveaux emprunteurs. Est-ce qu’il est possible de faire confiance à quelqu’un qui n’a rien ? Et bien on a trouvé un truc absolument génial.
à propos de la pièce
« Un style à la fois journalistique et professoral doublé d’une histoire plus personnelle de personnages confrontés à cette réalité sociale et économique. C’est une prose vive où les mots sonnent comme des notes. Le rythme est rapide, reflet du monde des affaires où tout va très vite. Pas de temps à perdre pour faire des affaires et de l’argent, par contraste avec le temps plus hésitant de ceux sur qui les affaires sont faites. Le déroulement des séquences est un film inéluctable dont on connaît la chute puisqu’il décrit une réalité du monde dans laquelle nous sommes : la crise des subprimes et ses suites. Le texte donne à entendre et à voir le tourbillon dans lequel le monde est, emportant avec lui le désespoir des gens normaux pris au piège de l’endettement. Ce serait une nouvelle forme de pièce historique ou la guerre prend une nouvelle forme. Une guerre de notre temps. »
Comité de lecture Influenscènes
« La langue est vive, les répliques tranchantes et on sent une certaine urgence dans cette pièce. Matière dense et passionnante. Texte ludique et dynamique, presque moliéresque par instants (à la manière du Mariage forcé) et à la fin brutale et violente. »
Commission d’Aide à la création CNT
« Un style à la fois journalistique et professoral doublé d’une histoire plus personnelle de personnages confrontés à cette réalité sociale et économique. C’est une prose vive où les mots sonnent comme des notes. Le rythme est rapide, reflet du monde des affaires où tout va très vite. Pas de temps à perdre pour faire des affaires et de l’argent, par contraste avec le temps plus hésitant de ceux sur qui les affaires sont faites. Le déroulement des séquences est un film inéluctable dont on connaît la chute puisqu’il décrit une réalité du monde dans laquelle nous sommes : la crise des subprimes et ses suites. Le texte donne à entendre et à voir le tourbillon dans lequel le monde est, emportant avec lui le désespoir des gens normaux pris au piège de l’endettement. Ce serait une nouvelle forme de pièce historique ou la guerre prend une nouvelle forme. Une guerre de notre temps. »
Comité de lecture Influenscènes
« Cette pièce dont le thème porte sur la crise des subprimes, offre un éclairage très vif sur notre monde actuel. Le sens pédagogique qui se dégage de l’écriture s’allie à un vrai sens du décalage et de la dramaturgie. T.I.N.A. nous semble offrir beaucoup de possibilités pour la mise en scène. Cette pièce vivante et instructive mérite d’être joué partout et par tous. »
Comité de lecture de la Comédie de l’Est – CDN de Colmar
« Un texte nécessaire, brillant dans sa démonstration brechtienne, passionnant en terme de pensée. Je me suis demandé si le théâtre était le lieu possible de cette approche, et je peux affirmer après lecture que oui, absolument. »
Commission d’Aide à la création CNT
« Les liens tissés entre « la démonstration économiste » et la politique nous amènent à une prise de conscience, véritable électrochoc qui travaille très précisément l’état de conscience dans lequel veut nous mettre l’auteur rejoignant la phrase de Brecht qu’il cite au début de son résumé. Les liens entre technicité des termes dans le domaine précis de l’économie de marché : marchés boursiers, systèmes de prêt, d’emprunts, de vente et d’achat, les mises en situation et le mouvement de pensée qui drainent l’ensemble font théâtre et de façon très ludique, ce qui a été une vraie surprise au cours de ma lecture. Un ton qui tient en haleine, une langue manipulée avec humour, et cynisme empruntant au milieu de la finance et du politique leur posture. »
Commission d’Aide à la création CNT
« Les liens tissés entre « la démonstration économiste » et la politique nous amènent à une prise de conscience, véritable électrochoc qui travaille très précisément l’état de conscience dans lequel veut nous mettre l’auteur rejoignant la phrase de Brecht qu’il cite au début de son résumé. Les liens entre technicité des termes dans le domaine précis de l’économie de marché : marchés boursiers, systèmes de prêt, d’emprunts, de vente et d’achat, les mises en situation et le mouvement de pensée qui drainent l’ensemble font théâtre et de façon très ludique, ce qui a été une vraie surprise au cours de ma lecture. Un ton qui tient en haleine, une langue manipulée avec humour, et cynisme empruntant au milieu de la finance et du politique leur posture. »
Commission d’Aide à la création CNT

mise en scène Sébastien Valignat

mise en scène Guy Delamotte

mise en scène Alexandros Euclid, Athènes
Dans la presse

Malgré l’indubitable vertu pédagogique de cette forme, l’objectif de T.I.N.A. n’est pas d’expliquer, encore moins de convaincre, mais bien de mettre en lumière, autrement dit de clarifier, de donner les clés pour agir soi-même sur ses propres appréhension et compréhension des problématiques. (…) Bien sûr, on pourrait reprocher aux acteurs leur malice, qui pourrait être vue comme de la caricature (alors que tout est vrai, d’éminents économistes ont procédé au fact checking du texte). Mais cette prise de distance que permet l’humour est nécessaire quand on réalise la violence de ce qui se joue dans la crise des subprimes. Nécessaire pour ne pas ressortir KO et résigné de cette expérience, terrassé par le désespoir et incapable d’agir. Car c’est bien la nature du théâtre, en tout cas du théâtre documentaire, d’exciter la curiosité (oserais-je dire l’« indignation ») des hommes afin qu’ils puissent résister à l’aliénation et trouver ensemble de nouveaux modes de vie et d’émancipation.
Julien Avril
i/o gazette
juillet 2016

Le rire comme alternative à la crise
T.I.N.A., quatre lettres par lesquelles il faut entendre There is no alternative. Pas le choix, donc. Nous voici d’emblée fixés sur notre sort comme a pu l’être le peuple anglais sous le gouvernement de Margaret Thatcher (à qui l’on doit ce slogan). Car c’est la crise ! (…) Bien que parfois cabotins, Vincent Fouquet, Guillaume Motte et Sébastien Valignat n’en sont pas moins drôles. Ils endossent avec talent et beaucoup d’humour toute une galerie de personnages toujours plus outranciers et largement caricaturaux. On admire le potentiel schizophrénique des trois comédiens à incarner diverses figures allant du banquier aux dents acérées à la victime naïve, du petit génie de la finance à Georges W. Bush et ses fameux bretzels… Soit autant de personnalités guidées par la volonté de faire encore et encore plus d’argent, quel qu’en soit le prix. C’est donc une escalade, un cynisme toujours plus aiguisé qui fait office de fil rouge tout au long de T.I.N.A. Cette pièce rappelle qu’à l’instar de l’endettement des ménages, c’est le même processus qui se reproduit deux décennies plus tard sur les États, entraînant au passage un flot de spéculations financières.
Élise Ternat
Les Trois coups
décembre 2012

Ils sont trois jeunes comédiens, un pupitre devant chacun d’eux, et c’est largement suffisant pour nous raconter, avec force détails, précisions rigolotes, didactisme enjoué, saynètes enquillées, la fameuse crise des subprimes de 2008. Et ce en partant du plus concret : le désir des sans-le-sou d’être eux aussi propriétaires de leur maison rencontrant le désir des banquiers, assureurs, traders de s’attaquer aux poches des sans-le-sou – lesquelles sont presque vides, mais ils sont si nombreux ! On comprend enfin tout ce scandale planétaire, même les incompréhensibles CDS ! Et on a l’occasion de ricaner en ré-écoutant le candidat Sarkozy proposer, en mars 2007, de faire de chaque Français un propriétaire, en appliquant les mêmes règles de crédit que les Américains : celles-là mêmes qui ont conduit à la catastrophe ! Un visionnaire…
Jean-Luc Porquet
Le Canard enchaîné
juillet 2016


